• Bulletin de décembre 2017


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  • Conférence du 26 mars 2010 sur les jeux dangereux  

    « JEUX » DANGEREUX

    ET PRATIQUES VIOLENTES

     

    J’en entends beaucoup parler mais, qu’est-ce que c’est exactement ?

    Comment faire la différence, détecter si une pratique est violente ?

    J’ai des doutes, je fais quoi ?

      

    Nombreuses sont les questions que nous nous posons en tant que parents au sujet des « jeux » dangereux et des pratiques violentes.

    C’est grave, c’est sérieux mais… nous nous sentons perdus, dépassés et pas toujours concernés directement et pourtant….ça n’arrive pas qu’aux autres !

     

    Aussi, la FCPE de Montlouis a souhaité créer cette plaquette afin de répondre à certaines questions de parents et à donner des pistes pour que chacun puisse avoir les informations nécessaires présentées simplement.

     

    CONNAITRE  /  RECONNAITRE  /  REAGIR

     

    C’EST QUOI EXACTEMENT ?

     

    Observé dans le milieu scolaire comme dans le cadre familial, le phénomène des

    « jeux » dangereux et des pratiques violentes, phénomène ancien mais encore mal connu, reflète une réalité diverse. On distingue les « jeux » de non- oxygénationet les « jeux » d’agression, intentionnels ou contraints qui sont baptisés de plus d’une centaine d’appellations différentes par les enfants et les adolescents :

    - les « jeux » de non-oxygénation, d’évanouissement, de strangulation ou de suffocation tournés vers l’expérimentation du corps tels que « trente secondes de bonheur », « rêve bleu », « rêve indien », « jeu du cosmos », « jeu des poumons », « jeu » de la tomate, « de la grenouille »... Le plus connu est le « jeu » du foulard. Ce type de « jeu » consiste à freiner l’irrigation sanguine du cerveau par compression des carotides, du sternum ou de la cage thoracique, pour ressentir des

    sensations intenses. Si certains jeunes ont pratiqué ce « jeu » sous la contrainte ou la pression, la plupart le fait de son propre gré.

    - les « jeux » d’agression, où il est fait l’usage de la violence physique gratuite, généralement par un groupe de jeunes envers l’un d’entre eux. On distingue : d’une part, les jeux intentionnels auxquels les jeunes participent de leur plein gré tels que le « jeu » du cercle infernal, le « jeu » de la cannette, le petit pont massacreur ou la mêlée, la tatane1, etc., d’autre part, les jeux contraints où l’enfant qui subit la violence du groupe n’a pas choisi de participer (le « jeu » des cartons rouges, le

    «  jeu » de la ronde, le « jeu » de la mort subite ou de la couleur, etc.). La participation à ces « jeux » est généralement motivée par le sentiment d’appartenance à un groupe, en suivant le leader, ou par intimidation.

    Cette liste est loin d’être exhaustive : de nouveaux « jeux » paraissent régulièrement et se développent au gré de l’imagination – foisonnante - des enfants, et avec les nouvelles technologies de la communication et l’information, notamment avec l’Internet (le « jeu » du « happy slapping » consistant à enregistrer et à diffuser des images de violence sur Internet). Cela suppose une vigilance constante aux nouvelles formes que revêtent les « jeux » dangereux d’autant plus que l’on ne mesure pas toujours les conséquences de ces pratiques dangereuses.

     

    IL EXISTE UN PROFIL « TYPE » ?

     

    Pour les plus jeunes, ils sont pratiqués de façon innocente, souvent individuelle, avec une inconscience des conséquences dramatiques éventuelles. A l’adolescence, ces « jeux » peuvent participer de la recherche de sensations fortes ou nouvelles, de reconnaissance par les pairs ou d’une volonté de se mettre en danger en toute connaissance de cause. A ce titre, ils s’intègrent dans les conduites à risque de l’adolescence dont il existe une grande variété (sports extrêmes, consommation d’alcool et de drogues, conduite automobile dangereuse, etc.).

     

    FINALEMENT, ca fait quoi ?

     

    Les conséquences physiques et psychologiques de ces pratiques pour les

    « joueurs » ou victimes sont extrêmement importantes, pouvant aller de séquelles physiques, de lésions cérébrales irréversibles ou non, au coma voire au décès. Les répercussions psychologiques pour les enfants les plus jeunes peuvent se traduire par des phobies scolaires, voire un état de stress post-traumatique plus ou moins prononcé.

     

    Quels signes pourraient me mettre la puce à l’oreille ?

     

    Certains signes, qu’ils soient physiques ou comportementaux peuvent interpeller et aident à repérer les pratiques violentes et/ou dangereuses :

    -les signes physiques pour les « jeux » de non-oxygénation : traces rouges autour du cou, joues rouges, violents maux de tête à répétition, troubles visuels passagers, bourdonnement d’oreilles, fatigue, défaut de concentration, oublis, absences brèves de la conscience, défaut de la mémoire récente …

    -les signes comportementaux pour les « jeux » de non-oxygénation : découverte d’un foulard, d’une écharpe, d’un lien quelconque que l’enfant veut garder sur lui en permanence ou qui traîne auprès de lui, agressivité soudaine, violence verbale et/ou physique, isolement, repli sur soi, questions posées par l’enfant sur les effets, les sensations et les risques de la strangulation…

    -les signes physiques pour les « jeux » d’agression : blessures, traces de coups, vêtements abîmés, vols, manifestations neurovégétatives-somatiques : sueurs, tremblements, douleurs abdominales, nausées…

    -les signes comportementaux pour les « jeux » d’agression : présence de manifestations anxieuses : troubles du sommeil, refus d’aller en classe..agressivité soudaine, violence verbale et/ou physique…

     

    DONC, on fait quoi ? on en parle avec l’enfant  ou pas ?

    Et si ça lui donnait de mauvaises idées !

     

    Afin de traiter de ce véritable sujet de société, les associations de parents d’enfants victimes de jeux dangereux ont été les premières à mener des actions de sensibilisation et de prévention en direction des jeunes et de leurs parents, ainsi que des pouvoirs publics et des professionnels de l’enfance. Il s’agit notamment de SOS Benjamin - ONECR (observatoire national d’étude des conduites à risques) et l’APEAS, association des parents d’enfants accidentés par strangulation.

    Face à ces pratiques à risques, quelle attitude adopter avec ses enfants ? D’abord en discuter avec eux pour savoir s’ils en ont déjà entendu parler dans les médias ou dans leur école et s’ils ont déjà vu ce type de jeux.

     

    La difficulté consiste à trouver le juste milieu entre alerter vos enfants et ne pas les effrayer outre mesure ou leur mettre ces mauvaises idées dans la tête. En tout état de cause, il est primordial de les informer pour qu’ils sachent reconnaître ces pratiques et les éviter si jamais ils y étaient confrontés. Tout simplement en sachant dire non si on leur proposait d’y participer et en prévenant des adultes si on essayait de les y forcer.

     

    Tout comme il est primordial de mener une vraie campagne de sensibilisation et de prévention dans les établissements scolaires. D’ailleurs, le Ministère de l’Education Nationale a fait, de la lutte contre les jeux dangereux à l’école, une de ses 15 priorités, en diffusant dans les écoles, dès juin 2007 une brochure intitulée « Jeux dangereux et pratiques violentes : prévenir, intervenir, agir », consultable sur Internet, et une circulaire à la rentrée 2009.

     

     

    Ayons à l’esprit que les enfants ont le droit et même le devoir de s’amuser et s’épanouir avec leurs camarades, mais en ne prenant pas de risque inconsidéré. Pour cela, il est essentiel d’informer, de prévenir de façon active sans inciter, de sensibiliser et d’éduquer sans dramatiser.

     

    Ce document a été réalisé à partir de la conférence FCPE sur le sujet le 26 mars dernier et du GUIDE mis en ligne par le Ministère de l’Education Nationale téléchargeable gratuitement.  

     

    Documents et sites à consulter :

    http://media.education.gouv.fr/file/51/6/5516.pdf (site de l’Education Nationale)

    www.jeudufoulard.com (association APEAS)

    http://www.jeuxdangereux.fr/ (association SOS Benjamin)

    BROUGERE G. « Jeux et éducation », L’Harmattan, collection « Education et Formation », mai 2000

    CAILLOIS R. « Les jeux et les hommes. Le masque et le vertige », Gallimard, collection « Folio – Essais », 2006

    HUIZINGA J. « Homo Ludens », Gallimard, 1988

    VIGARELLO G. « Du jeu ancien au show sportif. La naissance d’un mythe », Seuil, collection « La couleur des idées », 2002

    VINCENT S. « Le jouet et ses usages sociaux », La Dispute, collection « Essais », 2001

    WINNICOTT D. « Jeu et réalité. L’espace potentiel », Gallimard, collection de l’Inconscient, 1997

    LEBRUNJP. « Un monde sans limite », Essai pour une clinique psychanalytique du social, collection “ Point hors ligne ”, Erès, 1997

     


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